Classement alphabétique des noms d'auteurs médiévaux

Au Moyen Âge, le format des patronymes n’était pas normalisé comme il l’est à l’heure actuelle : Marie de France, Conon de Béthune, Aldebrandin de Sienne… se sont vu associer à leur prénom l’indication de leur pays ou de leur ville d’origine, Hélinant de Froidmont celle de l’endroit où s’est achevé son parcours. Adam le Bossu, Jean le Marchant… sont des surnoms en lien avec des particularités physiques ou des métiers. D’une manière générale, ce que nous considérons comme des patronymes ne sont jamais pour le Moyen Âge que des éléments qui permettent de différencier des personnes portant des prénoms identiques.

Ces particularités dans la formation des patronymes médiévaux a une conséquence non négligeable sur le répertoriage et sur le classement alphabétique des noms des auteurs médiévaux, qui se fait dans la plupart des cas sur la base de leur prénom :

Exemples d’auteurs médiévaux répertoriés sous le prénom
Martial d’Auvergne → Martial d’Auvergne
Beatriz de Die → Beatriz de Die
Bernart de Ventadorn → Bernart de Ventadorn
Jean le Marchant → Jean le Marchant

Dans le cas de François Villon, Eustache Deschamps, Jean Renart… les noms associés aux prénoms, s’ils étaient au départ des surnoms, tiennent davantage du patronyme tel que nous l’entendons. Pour ces auteurs, le répertoriage se fait à Villon, Deschamps, Renart :

Exemples d’auteurs médiévaux répertoriés sous le nom
François Villon → Villon, François
Eustache Deschamps → Deschamps, Eustache
Jean Renart → Renart, Jean
Henri Baude → Baude, Henri
Jean Froissart →Froissart, Jean
Jean Molinet → Molinet, Jean

Dans le doute, on se fondera sur la manière dont les spécialistes ont codifié la graphie des noms des auteurs médiévaux et aux notices d’autorité.

La présence d’une minuscule à la préposition ou à l’article qui suit le prénom dénonce souvent le surnom et invite à un classement sous le prénom ; la présence d’une majuscule à la particule dénonce le patronyme et un classement sous celui-ci.

Remarque : Cette codification graphique s’est souvent faite arbitrairement : « des champs » est au départ le surnom donné à Eustache Morel, et les manuscrits anciens le notaient en deux mots et en minuscules ; les premiers philologues qui se sont intéressés à cet auteur ont opté pour la graphie Deschamps et l’usage est resté.

Il faut veiller à ne pas confondre la manière dont un auteur médiéval est répertorié dans des références bibliographiques et la manière dont l’usage désigne ce même auteur, et à ne pas inférer le répertoriage à partir des désignations usuelles :

Exemples de discordances entre désignation et répertoriage
Joinville est à classer sous Jean de Joinville
Villehardouin est à classer sous Geoffroi de Villehardouin
Coincy est à classer sous Gautier de Coincy
Ventadorn est à classer sous Bernart de Ventadorn
Pisan est à classer sous Christine de Pisan

Dans le cas où la postérité n’a retenu qu’un unique surnom – comme Rutebeuf, Marcabrun… – le répertoriage et le classement n’est évidemment jamais problématique.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !