Je vs Nous

L’auteur d’un travail universitaire se désigne par tradition sous la forme du nous dit de modestie, qui a pour vocation de donner une portée généralisante au propos et de gommer le caractère trop individualiste du je. Mais il s’agit bien d’un nous équivalant à je, qui génère un accord ad sensum des adjectifs qui s’y rapportent (le verbe s’accorde à la 1re personne du pluriel, certes, mais les adjectifs au masculin singulier pour un étudiant, au féminin singulier pour une étudiante).

Toutefois, ce nous de modestie est de plus en plus mal perçu par les étudiants (et parfois par certains de leurs lecteurs), principalement parce qu’on tend de plus en plus, dans les études universitaires, à demander aux étudiants de développer des points de vue personnels et originaux et d’assumer leurs analyses ; le nous semble alors peu compatible avec la prise de responsabilité scientifique.

De nombreux étudiants développent ainsi diverses stratégies d’évitement du nous de modestie : le recours à la voie passive ou l’emploi du sujet on sont les stratégies les plus fréquentes.

La voie passive peut être une bonne option, mais tous les verbes ne s’y prêtant pas, elle ne pourra être utilisée qu’en alternance avec d’autres constructions.

L’usage de on est, quant à lui, à proscrire comme substitut du nous de modestie et ne peut se conserver que pour exprimer l’indétermination (par exemple : « on nous objectera peut-être que… » où le on vise n’importe quel lecteur potentiel du travail).

Le je, que beaucoup d’étudiants craignent d’utiliser, n’est pas à exclure comme alternative à nous, pourvu qu’on n’en abuse pas (c’est-à-dire pourvu que toutes les phrases ne commencent pas par je) et pourvu qu’on ne tombe pas dans le nombrilisme (moi personnellement je…).

En résumé :

  • nous : oui, à condition d’en faire un usage correct (sur le plan des accords) ;
  • je : oui, à condition de ne pas en abuser ;
  • passif : oui, en alternance avec nous ou je, pour ne pas donner l’impression de se catapulter systématiquement au premier plan  ;
  • on : banni comme substitut de nous ou je.
Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !