Systèmes de renvoi aux sources

Le choix d’un système de référencement pour les notes de références conditionne celui qui sera utilisé pour la partie du travail consacrée aux références bibliographiques et inversement.

Système de renvoi traditionnel

Le système traditionnel de renvoi au sources sélectionne les informations pertinentes dans la notice bibliographique de l’ouvrage cité et localise ces informations dans les notes de références qui se positionnent en bas de page.

Les livres

Lorsque dans une note de référence, on fait référence à un livre, le prénom de l’auteur précède le nom, tous les deux étant en minuscules, suivis du titre en italiques, de l’adresse bibliographique et des pages citées.

S’il y a plusieurs auteurs, on les mentionne conformément aux pratiques d’usage dans la notice bibliographique. Dans les cas où on ne trouve pas de nom d’auteur, on use du mot « Anonyme » en guise de nom d’auteur.

On omet les particularités de l’édition, la collation ainsi que la collection, indications qui sont réservées aux notices de la bibliographie.

Dans la référence, chaque « champ » (c’est-à-dire chaque type d’information) est séparé des autres par une virgule.

Prénom Nom, Titre de l’ouvrage, Lieu d’édition, Éditeur, date, pages.
Otto Jespersen, La Philosophie de la grammaire, Paris, Les Éditions de Minuit, 1971, p. 87.

Les articles

Pour référer dans une note à un article de périodique, l’ordre de présentation est le même que pour un ouvrage.

Après mention du prénom et du nom de l’auteur, le titre de l’article se place entre guillemets, suivi du titre du périodique en italique, du volume précis, du numéro du périodique, de la date ainsi que de la mention de la ou des pages citées.

Prénom Nom, « Titre de l’article », Titre du périodique, XXX/999, date, pages.
Marcel Proust, « À propos du style de Flaubert », La Nouvelle Revue française, XIV, 1920, p. 87.

La référence imbriquée

Lorsqu’un passage cité provient d’un autre auteur que celui de l’ouvrage cité (en d’autres termes, lorsqu’on cite « de seconde main »), on cite d’abord le nom de l’auteur de la citation et le titre de l’ouvrage, suivi de l’expression « cité par » ou de l’abréviation ap. (pour apud), puis de la référence à l’ouvrage ou article d’où est tiré l’emprunt.

Prénom Nom, Titre de l’ouvrage, cité par Prénom Nom, Titre de l’ouvrage, Lieu d’édition, Éditeur, date, pages.
Prénom Nom, Titre de l’ouvrage, cité par Prénom, Nom, « Titre de l’article », Titre du périodique, XXX/999, pages.

Ce type de référence est surtout d’usage lorsqu’il s’agit de renvoyer à des parties d’ouvrages collectifs et à des actes de colloques.

Partout ailleurs, on tendra à l’éviter dans les travaux universitaires où il importe autant que possible de citer « de première main » ; il n’est généralement admis de citer « de seconde main » que dans les travaux à caractère philologique ou linguistique, lorsqu’il n’a pas été possible de vérifier la source d’un élément du corpus cité par l’auteur d’une étude (la source de première main étant lacunaire ou imprécise).

Exemple de référence imbriquée licite
Bueve de Hantome, cité par Gérard Moignet, Grammaire de l’ancien français, Paris, Klincksieck, 1978, p. 201.

Localisation de la référence

Il faut impérativement veiller à donner une localisation précise du texte cité. Cela se fait généralement en mentionnant la page ou la plage de pages où l’on peut trouver l’extrait cité dans l’ouvrage référencé.

Ce principe général s’assortit toutefois d’applications particulières :

  • lorsque le texte auquel on renvoie est disposé en colonnes, il y a lieu de mentionner, outre la page, la colonne (a pour la première colonne, b, c…) ;
  • lorsque les paragraphes du texte auquel on renvoie sont numérotés, il peut être préférable de renvoyer au numéro du paragraphe plutôt qu’à la page, notamment lorsque chaque page contient plusieurs paragraphes, ceci afin de faciliter le repérage de l’extrait cité ;
  • lorsque le texte auquel on renvoie est une notice de dictionnaire, on ne réfère pas à la page du dictionnaire, mais à l’entrée du dictionnaire où l’on trouvera l’extrait cité ;
  • lorsque le texte auquel on renvoie est un fragment d’une édition critique, on ne réfère pas à la page, mais aux vers (pour les textes en vers) ou paragraphes et lignes (pour les textes en prose).

Les abréviations suivantes sont alors d’usage :

p. une page
p. ou pp. plusieurs pages, plage de pages
l. un ligne
l. ou ll. plusieurs lignes, plage de lignes
v. un vers
v. ou vv. plusieurs vers, plage de vers
§ un paragraphe
§ ou §§ plusieurs paragraphes, plage de paragraphes
s. v. sous le mot, sous l’article (latin sub verbo) → pour les renvois à un dictionnaire ou à une encyclopédie
sq. et suivant(e) (latin sequiturque)
sqq. et suivant(e)s (latin sequunturque)

Il faut veiller tout particulièrement à donner, dans les notes, des informations sans équivoque ; il faut être notamment attentif au fait que :

  • « p. 212 » signifie que l’on renvoie à la page 212 du texte référencé, une information capitale dans une note ;
  • « 212 p. » signifie que le texte de référence compte 212 pages, une information qui n’est généralement pas utile dans une note.

La répétition des références

Si dans les notes, on mentionne plus d’une fois le même auteur ou le même titre d’ouvrage ou d’article, on utilise des abréviations latines convenues, afin de ne pas avoir à récrire au complet les références ― à moins que les deux références successives soient espacées d’un nombre important de pages (de 5 à 10 selon les normes).

Les abréviations les plus usitées sont :

  • Ibid. ou ibid. (avec ou sans les italiques ) pour ibidem, ‘au même endroit’, remplace la référence complète qui précède immédiatement.
  • Id. ou id. pour idem, ‘le même’ s’emploie s’il s’agit de deux titres consécutifs du même auteur, pour remplacer son nom ; dans ce cas, les puristes recommandent d’utiliser ead. ou ead. pour eadem lorsque l’auteur est une femme.
  • Op. cit. ou op. cit. pour opus citatus ou opere citato, ‘dans l’ouvrage cité’ s’emploie pour indiquer le même ouvrage d’un même auteur, cité de façon non consécutive. On répète le nom de l’auteur, suivi de l’abréviation op. cit., suivi de la page correspondante.
  • Loc. cit. ou loc. cit. pour locus citatus ou loco citato, ‘au lieu cité’ s’emploie pour indiquer le même article d’un même auteur, cité de façon non consécutive. On répète le nom de l’auteur, suivi de l’abréviation loc. cit., elle-même suivie de la page correspondante.

Les titres abrégés

Dans les notes et références, on peut abréger les titres que l’on reprend plus d’une fois.

La première fois, on donne la référence complète (suivant les modèles indiqués ci-dessus), alors que les fois suivantes, on abrège cette référence en ne mentionnant que les prénom et nom de l’auteur, ainsi que les mots les plus significatifs du titre et, le cas échéant, la pagination.

Prénom Nom, Titre de l’ouvrage, Lieu d’édition, Éditeur, date, page(s).
→ Prénom Nom, Abréviation du titre, page(s).
Otto Jespersen, La Philosophie de la grammaire, Paris, Les Éditions de Minuit, 1971, p. 87.
→ Otto Jespersen, Philosophie, p. 87.

On peut faire de même pour un article de périodique. Dans ce cas, on mentionne les prénom et nom de l’auteur, les mots les plus significatifs du titre, en italiques et sans guillemets, et, le cas échéant, la pagination.

Prénom Nom, « Titre de l’article », Titre du périodique, XXX/999, date, page(s).
→ Prénom Nom, Abréviation du titre, page(s).
Marcel Proust, « À propos du style de Flaubert », La Nouvelle Revue Française, XIV, 1920, p. 87.
→ Marcel Proust, À propos du style de Flaubert, p. 87.

Système « auteur-date »

Pour renvoyer à ses sources à l’intérieur du travail, le système de renvoi dit « auteur-date » est beaucoup moins lourd à utiliser que le système traditionnel. Il est donc vivement recommandé lorsqu’il n’est pas contre-indiqué (par une norme ou par certaines exigences disciplinaires). Il permet notamment d’éviter le recours aux abréviations latines signalées ci-dessus et dans lesquelles la plupart des étudiants ont tendance à se perdre. Il permet également de diminuer considérablement le nombre des notes infrapaginales (et donc d’augmenter le degré de lisibilité du travail).

Principes

Dans le système de renvoi « auteur-date », la référence à un ouvrage ou à un article se fait par simple mention du nom de l’auteur (éventuellement précédé de l’initiale du prénom ou du prénom complet dans les cas d’homonymie) suivi de la date de publication de l’ouvrage ou de l’article cité (éventuellement accompagné d’un indice alphabétique différenciateur, dans l’éventualité où plusieurs écrits du même auteur portent la même date). Les notices bibliographiques fourniront, dans la partie du travail consacrée aux références bibliographiques, les éléments qui permettront d’identifier la publication ainsi signalée.

Nom 9999 / Nom 9999a
Jespersen 1971
Moignet 1965a
Moignet 1965b

La date est séparée du nom par une espace. Le double-point après la date introduit le cas échéant la référence à la page citée ou à la plage de pages citées.

Remarque
Les séparateurs peuvent varier d’une norme à l’autre. Dans la norme APA, c’est la virgule qui prévaut ici.

S’il y a deux auteurs, on mentionne leurs deux noms unis par et, dans l’ordre où il sont cités comme auteurs sur la page de titre. S’il y a plus de deux auteurs, on les mentionne tous lors du premier renvoi dans l’ordre où il sont cités comme auteurs sur la page de titre (en utilisant la virgule comme séparateur entre les premiers noms et le et entre les deux derniers), et on ne reprend plus que le premier suivi de la mention et alii, éventuellement abrégée en et al., lors des renvois suivants.

Remarque
Dans la norme APA, s’il y a plus de 5 auteurs, on ne cite que le premier suivi de et alii ou et al.

Dans les cas où on ne trouve pas de nom d’auteur, on use du mot « Anonyme » en guise de nom d’auteur.

La date renseignée est celle de l’édition consultée.

L’indication d’une page ou d’une plage de pages se fait sans recours aux abréviations d’usage (en revanche, on maintient les abréviations d’usage quand les renvois se font aux paragraphes, vers, lignes et autres entrées de dictionnaires).

Nom 9999a : pages
Jespersen 1971 : 87
Proust 1920 : 87-89
Robert 2002 : s. v. broum

Utilisation

On présente le renvoi de type « auteur-date » dans le texte, entre parenthèses, tout de suite après le passage concerné, de manière à alléger au maximum la zone infrapaginale :

  • soit

Exemple de référence intégrée
Si on se reporte à Jespersen (1971 : 87), on trouve que…

  • soit

Exemple de référence intégrée
… l’idée que « [extrait cité] » (Jespersen 1971 : 87) se retrouve aussi chez…

On traite les références imbriquées au moyen de la même expression cité par que dans le système traditionnel.

XXX 1994, cité par YYY 1999
Brunot 1922, cité par Bally 1922

Si on réfère à plusieurs auteurs ou plusieurs études, on sépare les différents champs de référence par un point-virgule.

XXX 1994 ; YYY 1999
Brunot 1922 ; Bally 1922

Si on est amené à répéter une référence, on procède de la même manière que pour la première occurrence de la référence. Le système étant en soi abréviatif, il n’y a pas lieu de recourir à des abréviations. Lorsqu’il n’y a aucune ambiguïté, on peut toutefois ne pas répéter le nom de l’auteur et limiter, à partir de la deuxième occurrence, la référence à la date et la page ou la plage de pages.

Nom 9999a : page x … 9999a : pages y
(Jespersen 1971 : 87) … (1971 : 89)
(Proust 1920 : 87) … (1920 : 88)

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !