Dans un logiciel de traitement de texte, un vérificateur grammatical opère indépendamment d’un vérificateur orthographique et cherche à savoir si l’orthographe adoptée pour un mot est conforme à ce que préconise son environnement grammatical.
Même si ces vérificateurs s’améliorent, ils continuent de trouver indigestes les règles françaises d’accord du verbe et du participe passé et font parfois des corrections surprenantes. Ignorant tout du sens et de la syntaxe, ils proposent généralement un accord avec le mot le plus proche, alors que celui-ci n’est pas systématiquement celui qui génère l’accord.
Pour mieux prendre conscience des limites du vérificateur grammatical, une expérience amusante consiste à lui soumettre le vers célèbre d’Apollinaire Sous le pont Mirabeau coule la Seine. Le vérificateur indiquera que Mirabeau est le sujet du verbe coule, et proposera de placer une virgule entre pont et Mirabeau. Il indiquera ensuite que la Seine peut être soit l’objet du verbe coule, soit le complément de lieu de ce verbe. Dans la seconde hypothèse, il proposera d’insérer sur entre coule et la Seine. Le vers devient dès lors Sous le pont, Mirabeau coule (sur) la Seine. Aucun commentateur humain d’Apollinaire, si audacieux soit-il, n’a jamais imaginé une telle interprétation de ce vers !
Il est indispensable de ne pas activer l’option de correction automatique de ce vérificateur, mais uniquement l’option de suggestion de correction – de manière à pouvoir décider soi-même si la correction proposée est ou non licite.