Anglicismes

Les anglicismes, c’est-à-dire les emprunts à la langue anglaise, sont à éviter autant que possible dans les travaux scientifiques, voire à proscrire lorsque le terme anglais vient concurrencer inutilement un terme existant en français : dû à est un calque pur et simple de l’anglais due to qui ne dit rien de plus que du fait de ou à cause de, et il n’y a donc pas lieu de renoncer aux derniers en faveur du seul premier.

Toutefois suivre une telle recommandation suppose que l’on ait conscience que ce qu’on dit ou écrit est influencé par l’anglais. Si dans le cas d’une expression comme dû à, le calque de l’anglais est évident à quiconque connait un peu d’anglais, les anglicismes prennent parfois une forme sournoise, surtout lorsqu’ils ne s’agit pas d’emprunts lexicaux, ces derniers étant généralement reconnaissables comme tels et bien répertoriés. Qui aujourd’hui irait encore voir dans l’adjectif académique au sens de ‘universitaire’ un emprunt à l’anglais ?

Les travaux universitaires ne sont pas épargnés par les anglicismes sournois, principalement ceux qui trahissent des usages et des conventions de deux traditions éditoriales différentes :

  • en français, il est d’usage de noter le rang des siècles en chiffres romains (XXIe siècle) ; les noter en chiffres arabes (20e siècle), c’est adopter l’usage anglais ;
  • dans les ouvrages en français, la table des matières se place à la fin ; la placer au début de l’ouvrage, c’est adopter l’usage anglais ;

etc.

La plus grande vigilance s’impose.

Remarque
La vigilance s’impose d’autant plus lorsqu’on choisit de réaliser en français un travail qui suit les normes, américaines, de l’APA : un grand nombre des normes fixées par l’APA pour l’anglais sont inadaptées, voire inadaptables, au français. Certaines ont fait l’objet d’une transposition à l’usage du français, mais elles sont peu nombreuses à s’y prêter.

Attention toutefois à l’hypercorrectisme de mauvais aloi. Si vous travaillez avec un logiciel comme Word et activez son vérificateur grammatical et stylistique, vous constaterez qu’il vous invite systématiquement à remplacer les formes du verbe faire que vous aurez utilisées par des formes d’un autre verbe. L’abus du verbe  faire est un défaut majeur des anglophones et dont votre logiciel a transposé la traque jusques dans la langue française. Le français n’est pas l’anglais : les francophones abusent beaucoup moins du verbe faire que les anglophones et les emplois qu’ils en font sont le plus souvent tout à fait légitimes. Si dans une phrase comme

Il a fait une étude sur les voyelles nasales

la forme verbale a fait gagne à être remplacée par a réalisé, en revanche dans

Il a fait ses études à l’université de Cambridge

la forme a fait doit être maintenue ; or votre logiciel vous proposera de modifier l’une et l’autre phrases... vous invitant à pratiquer l’une des formes les plus sournoises de l’anglicisme.

Voir Vérificateur grammatical, Vérificateur stylistique.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !